chez Rita 20 ans après
Résumé des chapitres précédents
En 1994 naît l’asso CHEZ RITA, très vite elle veut aider les artistes, car ceux-ci ne trouvent pas d’atelier et ils pleurent.
Au même moment naît la société civile : LES AMIS DE RITA. Elle, elle a du crédit, en regard de certaines personnes qui la composent ; alors elle achète un immeuble à crédit justement,
à Roubaix justement aussi
et à son propriétaire.
Elle loue cet immeuble à (Chez) RITA et à un prix raisonnable, car c’est son amie. Et à ce moment là, RITA, elle sous-loue en morceaux pas chers, aux artistes qui du coup arrêtent de pleurer. Ouf.
Comme c’est pas si facile que ça, l’association doit s’agiter beaucoup pour les sous.
Dix années passent et c’est l’équilibre.
Un petit livre a été réalisé à l’occasion de cet anniversaire là. (On peut encore le consulter sur internet aujourd’hui). Il rend compte aimablement de la fondation et de la stabilisation de Rita, de la multiplicité et de la variété de ses manifestations.
La notoriété de l’asso RITA, qui a été assez bonne depuis sa création, atteint une sorte de pic, dans la région à l’époque où paraît cet opuscule, en 2004.
C’est l’année même, où, la présidente Saskia Hinrichs, déclara au directeur de - Lille 2004, capitale culturelle de l’Europe - : « Non, RITA n’est pas un exemple pour - Les Maisons Folies -(structures de diffusion créées à cette occasion), car RITA est une maison sérieuse ! ».
Depuis bien de l’argent a coulé sous les ponts et RITA est toujours là, et que reste-il de ces maisons, si folles qu’elles aient été ?
Quant à RITA, si elle avait réussi de belle manière, à exister, il lui restait bien des marches à franchir pour s’émanciper de toutes dépendances, pour grandir, pour se pérenniser et donc pour garantir son indépendance.
Et c’est à cela que vont être occupées dix autres années.
{{}}- Le temps n’est rien si on a le temps ! -
ET AINSI VINT LA SUITE :
C’est curieusement, le désengagement de ceux qui s’étaient portés caution, sur le plan financier, qui va apporter la solution au problème. Il est à noter que , pour ainsi dire dans le même temps, certains d’entre eux, qui étaient aussi fondateurs de l’association chez Rita, se désengagèrent de celle là.
Pour mémoire, en 1994, la société civile comporte 17 parts, réparties entre 8 porteurs qui en détiennent chacun entre une et cinq. En 2006, la SCI informe l’asso qu’un porteur désire vendre ses trois parts.
Après mûres réflexions et négociations, l’association RITA décide d’entrer dans la société civile en achetant ces parts. De 2008 à 2010, elle achètera treize autres parts, elle en détient alors seize et Bernard Agnias une, qu’il possède depuis 1994. C’est le seul qui ne s’est pas désengagé. Bernard Agnias devient gérant de la société civile en 2011, il exerce cette délégation à titre gratuit. En 2012, toutes les dettes contractées pour ces achats sont éteintes.
L’association est totalement indépendante sur le plan financier.
Fin 2013, il y a 40 ateliers ou ateliers-appartements, sous-loués et 17 personnes habitent chez Rita. Le taux d’occupation des locaux mis en sous location est de 95%, le taux de recouvrement des loyers est de 100% en 2011, 2012 et 2013. Voilà pour ce qui concerne l’activité principale.
Pour ce qui est de ses activités annexes RITA est toujours allègre et n’a rien perdu de son souffle créatif, malgré l’épais brouillard de poudre aux yeux, que les collectivités locales ont cru bon déverser. Les gens qui s’intéressent à l’esprit frondeur et à la bonne humeur qui sont de rigueur dans nos manifestations, toujours aussi nombreuses, les fréquentent avec assiduité.
Et ils sont toujours plus nombreux d’une fois sur l’autre, lorsqu’elles ont une périodicité établie, biennale ou autres.
On notera, ça a été rapporté jusque chez RITA, qu’il y a des gens qui croient qu’il ne se passe quelque chose, que là où ils se trouvent, ailleurs est un désert immense. Ne les détrompez surtout pas, ils seraient capables de venir jusqu’ici.
Il faut dire que l’asso bénéficie d’une couverture ragotique assez dense, sans doute de la part de personnes mal intentionnées, qui profitant de la mauvaise visibilité générale, ont prétendu qu’il ne se passait rien chez RITA !
Oh les bougres ! qu’on les tranche !
Du point de vue médiatique, il est vrai, que malgré une activité équivalente il n’y a eu ces dix dernières années, que très peu de presses, télévisions, radios, par rapport au 10 années précédentes.
Il est vrai aussi, que le VIP se fait rare par chez nous.
Pour mémoire et pour faire court, avant 2004 nous recevions presque chaque jour des gens réputés importants, des sénateurs, des députés, des conseillers régionaux, un président du Conseil Régional, des conseillers généraux dont là encore un président de ce Conseil, des conseillers communautaires, en veux-tu en voilà, des élus communaux par autocars entiers, des adjoints à tout, une candidate à l’élection présidentielle, les maires des grandes et petites villes du coin, des directeurs de services municipaux de toutes sortes et là de tout le pays, des directeurs de structures culturelles comme s’il en pleuvait.
Et attention, mesdames et messieurs 2 préfets de région, préfets du Nord, c’est pas rien et quelques sous préfets à ceci ou à cela. Il y a même eu des anciens et des futurs ministres !
Toutes ces personnes se déplacent, le plus souvent, avec beaucoup d’autres personnes VIP elles même. Alors là, dis donc, dis donc. A cette époque il était, apparemment, de bon ton d’être venu chez RITA.
Quand on y pense... ça en fait du beau monde !
Et puis vers 2005/2006 les projecteurs doucement se sont éteints. RITA avait brillé, un temps, dans la société locale. Après avoir été un objet d’attraction irrésistible, elle devint pour ceux là, pour ceux là seulement, un objet renégat, un endroit à fuir.
Et alors même que son action avait petit à petit abouti, et que cela avait été une véritable gageure, dans cette durée et dans cette forme là, elle ne présentait pour eux plus aucun intérêt.
On avait comme la bizarre impression qu’il aurait été préférable qu’elle disparaisse de la scène locale. Mais comme il n’est pas encore possible d’être rayé d’un simple trait de crayon, tout ce qui sera fait pour qu’on ne l’entende plus, sera bon à prendre !
Mais faut-il se fier à ces impressions ?
La chanson de Rita, sur un air de valse musette.
Black listée, mal aimée,
Mal traitée, méprisée,
Rejetée, bon’à tuer
Blackboulée, insultée,
Ignorée, éreintée,
Goudronnée et plumée
Et pourtant, elle est là,
La rita, toujours là
Résistant’ et chantant’
Elle est là et bien là
Encore là, toujours là
Malgré les censeurs (bis)
On connait la chanson !
TENTATIVE DE RECAPITULATION
DES ACTIVITES ANNEXES DE CHEZ RITA,
CES DIX DERNIERES ANNEES.
Les grands axes ont été,
d’une part la délocalisation de la Librairie coopérative des artistes, au centre ville, (au Grand Bassin rue de l’espérance) meilleure accessibilité, et cinq jours d’ouverture pour les amateurs, les vrais ! Cela a été salvateur pour cette activité que RITA est la seule à poursuivre, du moins dans la région.
Il y a encore beaucoup à faire, mais c’est la bonne route.
La librairie coopérative a créé des liens avec La Louvière en Belgique, avec la librairie du musée du Cateau, et avec celle du musée de Gravelines, en sorte de présenter aux amateurs, les vrais !, des parutions d’un intérêt remarquable en matière de multiples d’artistes.
Des lectures ont été faites, dans l’espace de la librairie coopérative à l’occasion de Signet Roubaix en 2013. En 2014 à la même occasion la librairie coop. a présenté : Chiffonnade de mots de Myriam Mairey et Samia Kachkachi.
D’autre part, la création et le développement de la
Biennale Internationale de Multiples d’Artistes (BIMA) qui aura sa quatrième session cette année en décembre. Son succès s’est amplifié d’une fois sur l’autre et à chaque fois. Elle est indissociable de la librairie coopérative. Elle met en relief le travail d’une cinquantaine d’artistes et éditeurs qui, présents durant ces deux jours peuvent répondre aux questions des curieux qui eux peuvent trouver des réponses et aussi cette rareté qu’ils cherchaient depuis si longtemps.
Il est à noter que durant cette période des membres de l’asso se sont déplacés à de nombreux salons de livres et multiples d’artistes, pour présenter un étalage de la librairie coopérative des artistes, à Lille à l’Escale des lettres, aux salons des éditeurs indépendants (lorsqu’ils l’étaient) Au Lem, à la MF de Wazemmes, à Lille St Sauveur, à Lille, au Tri postal, au joli mois de mai à Bruxelles, un salon dans les Flandres en France, un autre à Fourmies, un à Bailleul, plusieurs salons à Paris, un à Livarot en Normandie ça s’appelait Vague(s), un encore à Morlaix, plusieurs fois au salon du livre de luttes à Arras, au festival international du graphisme et de l’affiche à Chaumont. Et peut-être quelques autres une bonne vingtaine en tout.
Au cours de ces années a été constitué un fond de livres et autres multiples d’artistes, ou ayant trait à ce sujet. Il comporte aujourd’hui 6 ou 700 pièces, ce n’est pas encore très considérable, mais petit à petit ...
Une activité a été interrompue, sine die, c’est La Revue des Rues. RITA était productrice de cette revue créée par Chito Chottin. La disparition de Chito a laissé l’asso sans voix pour le moment à ce sujet.
L’association a honoré tous les engagements qu’elle avait pris, la revue lui a survécu ainsi jusqu’en 2011.
Les liens créés avec une bande d’artistes bruxellois qui se sont un temps auto nominés, en Belgique : le groupe de chez Rita. Une première action avait eu lieu, avec la projection d’un film de B. Mulliez, ça a été suivie peu après, par des expositions collectives, chez RITA, tel Trouble Fait par exemple, qui eurent leurs succès. Par la suite il y a eu des participations multiples à la BIMA, et des séjours en résidence. Des artistes de chez RITA ont participé à des manifestations de ce conglomérat à Bruxelles.
(voir aussi : tentative d’inventaire Chez Rita de Lise Duclaux)
(Le bal du rat crevéde Julien Celdran)
La création d’un atelier collectif de gravure, grâce au maitre algérien de la gravure, Alexis Trousset qui met à disposition quelques presses et ses conseils, l’asso prête les locaux et a acheté des séchoirs et autres outillages nécessaires.
Cet atelier est extrêmement productif, des centaines et des centaines de gravures ont été réalisées et non des moindres.
Un autre atelier a été très actif, c’est celui de l’électronique appliquée à la vidéo, à la photo, au maquettisme pour l’édition, films, tirages photos, livres, revues, catalogues, affiches, tracts etc... ont été réalisés grâce aux locaux et au matériel de RITA.
Encore une activité de l’électronique appliquée, elle a été de constituer un site internet sur RITA, et ses diverses activités mis à jour assez souvent et cela grâce au soin de Maxime Richard, maître en la matière.
La réalisation d’un rêve très ancien, une RITA rurale, a été possible, grâce aux aides financières de plusieurs membres de l’asso, qui a pu acheter l’ancienne école d’un village, situé aux confins du Ternois, de la Morinie, des Sept Vallées et de la Lys romane.
Sise sur un terrain de 1200 m2, une bâtisse de 130 m2 au sol, avec une salle de 80 m2, éclairée de fenêtres de part et d’autre, à côté et à l’étage l’ancien appartement de fonction du maître d’école, cuisine, salon, salle de bain, et au dessus chambres, le grenier est en début de réaménagement, cela va créer une agréable pièce de 60 m2 en plus, un garage de 12 m de long est mitoyen de la grande salle du bas.
Actuellement Rita a fini de rembourser l’argent des membres.
Des nouveaux rendez-vous ont été organisés :
Le 21 janvier et pour la deuxième fois cette année, a été célébrée chez RITA, la mort de Louis XVI, reprise ici d’une tradition républicaine, plus que bicentenaire, où l’on consomme tête de cochon ou tout autres organes de l’animal. Après la répression, sous la Restauration dont ces banquets au cochon ont été l’objet, la tête de veau s’est imposée. Ici nous avons fait l’une puis l’autre, l’an prochain les deux peut-être. Ce repas est accompagné d’une série de photos, reportage sur la promenade des têtes en ville.
Pour la deuxième année aussi, l’asso Car-Podium, qui aide très directement une association de Guinée-Bissau, et donc pour collecter quelques fonds, organise des festivités à la veille et ayant trait au Paris/Roubaix, repas cycliste le vendredi et apéro-concert le samedi. C’est simple, c’est drôle, c’est efficace.
Ayant constaté, qu’une place de plus en plus grande était faite, aux artistes des 19 et 20 ème siècles, les plus réactionnaires, racistes, ségrégationnistes, eugénistes, et cela dans des lieux très largement subventionnés par l’État et les collectivités territoriales (pour info)et des donateurs privés, l’asso CHEZ RITA, avec ses faibles moyens a décidé de rendre hommage à des artistes qui ont été sur des positions strictement opposées à ces dégénérescences intellectuelles graves. Clovis Trouille méritait d’être le premier à être honoré. 10 artistes de chez RITA et d’ailleurs, ont créé ensemble, une magnifique expo, qui a déclenché, il faut le dire, une avalanche d’éloges. Cette expo doit aller à Bruxelles. En 2015 un hommage à Félicien Rops, sans doute.
Un autre axe des manifestations de l’asso, des soirées débats, avec ou sans repas.
Il y a eu Vincent Glenn et son film très bien réalisé sur l’Organisation Mondiale du Commerce, débat avec l’auteur jusqu’à pas d’heure et repas contextuel.
Soirées vidéo avec la bande des bruxellois, on l’a vu, le film de Myriam Mairey sur les 28 heures de la marche à Roubaix.
Une répétition de cité philo de Lille avec un débat sur l’utilité du travail. Quel boulot !!
Film et débat sur - culture et gentrification - avec Jean Pierre Garnier et Benoit Eugène dit Bendiglu, contrepoint à l’euphorie publique sur l’urbanisation du quartier de l’Union, ici, à coté.
Diverses soirées cabaret ont émaillé ce temps. On se souvient, bien sûr, de l’exposition qu’avait fait Heinrick Weiffenbach, (l’un des piliers de l’alternatif berlinois) et ses blocs poly photographiques, avec à cette occasion un concert de Mister Depressivo, qui avait accepté de sortir de Berlin pour la première fois ! Et puis aussi, ce ciné concert avec Dementia et Non Non.
Une soirée cabaret lectures, avec les Anonymes : NOIRS ET CHANTS.
Une activité intense s’est développée, avec les jardins de Roubaix et de Fléchin. Car la culture nourricière est culture !?!
Il y a eu aussi, au cours de ces dix années de nombreuses expositions chez RITA :
DEB avec Spleen, résultat d’un mail art en dessins, les gribouillages téléphoniques d’Hervé Fleschais, la résidence de Delvigne et ses pochades roubaisiennes, les gravures de Jules Bonhomme, les peintures de François Delphino, les nouveaux souvenirs de Roubaix, Olivier Darné, éleveur d’images et d’abeilles, Salon du livre de lutte, 3ème biennale de l’UL CNT, la réalisation du catalogue le Grodoute à Roubaix et son tirage au sort, ART ? par Alain Buyse, Avan Omer Muhamed, résidence et expo, associée à la pluie d’Oiseaux. Une exposition de la librairie a eu lieu à Fléchin.
A suivre.
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