Sur la zone de l’Union et ailleurs

, par Guillaume Wauquier - Déclic3000

Le samedi 29 septembre 2012
Journée organisée par le journal La Brique

Sur la zone de l’Union et ailleurs
avec le soutien de Pire Fiction


Exposition photographique dès 15h00
La fin de l’Union - 20 ans de photographie
Au début on n’y prêtait pas attention. Une maison, deux maisons, trois, puis une rue entière murée. Dans certain pâté, ici et là, une habitation résiste et ne veut pas abandonner le navire. Ses occupants dans la tempête tranquille sont obligés de mettre un petit mot sur leur porte : « maison habitée », par peur d’être emportés corps et biens par un bulldozer mal informé. Des vagues d’ordures s’écoulent lentement dans ces rues, délaissées par les services de la ville, jusqu’à les obstruer totalement.
Puis après avoir tout dévoré et dégluti, la bête vomit son festin et laisse place à une sorte de plaine constituée d’une gerbe de briques, de béton, de tuiles, de bouts de papiers peints, de fragments de vie rendus informes. Ici seuls poussent les arbres à papillon et les misères. Enfin des rochers scellés dans le béton fortifient et préviennent de toutes « invasions barbares » qui tentent parfois de re-coloniser les terrains.
Et tout ça pendant que l’on maquillait les maisons du centre-ville de couleurs trop vives, qui faisaient penser à un alignement de vieilles femmes bourgeoises nostalgiques de leur jeunesse. Tabula rasa, place est faite pour l’écriture d’une nouvelle histoire pleine d’avenir. Le tapis déroulé, on attend plus que le retour des saigneurs.
Au-delà de cette envolée lyrique (désolé), l’exposition de photographies de Bernard Agnias, Chito Chottin, Saskia Hinrichs, Aurélien Jablonka et Maxime Richard raconte cette histoire. Ces auteurs témoins des transformations de leur quartier en une véritable « Zone », ont constitué depuis plus de 12 ans un véritable stock d’images qui rendent compte du processus de transformation, avant même que la photographie des zones de "réhabilitation" ne devienne une esthétique en soi. Pour l’occasion Ils ont sélectionné quelques photographies de leurs archives qui comptent plus de 1000 clichés.

Discussions - Débats à 16h00
Avec Tonio : auteur des enquête de La Brique sur la zone de l’Union
Avec Jean-Pierre Garnier : auteur d’Une violence éminemment contemporaine.
Et Tomjo : rédacteur du journal La Brique et auteur de L’enfer vert
Imaginez un territoire de 80 hectares avec ses habitant-es, ses maisons, ses commerces ; bref, toute vie qu’on a laissée se délabrer pendant des dizaines d’années avant de l’offrir aux bulldozers. Et sur la table rase, un écoquartier où viendront nicher les forces vives du renouveau industriel régional. Vous êtes à la Zone de l’Union à Roubaix. Patrons, chercheurs et collectivités locales ne savent plus quoi inventer pour faire « rayonner » un territoire et relancer une machine économique à bout de souffle. Le Centre Européen des Textiles Innovants (CETI) mettra auprofit de l’aérospatiale ou des industriels de la sécurité les « progrès » apportés par les micro et nanofibres « intelligentes ». Kipsta et Decathlon inventeront les futures marchandises du divertissement sportif. La Plaine Images recouvrira de son excellence virtuelle et interactive une ville qui n’a réellement pas besoin d’elle. Les rédactions fraîchement fusionnées de La Voix du Nord et Nord Eclair y usineront l’abêtissement de masse dans leurs génuflexions quotidiennes aux pouvoirs locaux. Des sièges sociaux, des hôtels d’entreprises, des « espaces verts », des logements à Haute Qualité Environnementale pour accueillir les ingénieurs et des transports « doux » pour affréter les innovateurs. Un paradis pour cadre sup’, on vous dit. Les 15 et 16 septembre 2012 il y était prévu un forum « social et écologique ». Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un forum « ouvert »,participatif plus qu’il ne faut maintenant qu’il est trop tard pour le « plus grand nombre d’imaginer collectivement une autre ville véritablementsolidaire et durable ». Et qu’autour des monstres de verre et d’acier nous devons désormais vivre en citoyens responsables. L’occasion était trop belle pour ne pas sauter à pieds joints sur la « destruction créatrice » organisée par le patronat nordiste et la communauté urbaine, et lubrifiée par leurs supplétifs éco-citoyens. Vous l’aurez compris,c’est encore et toujours l’économie qui dicte ses lois à l’aménagement de nos territoires. Le reste autour n’est que bavardages, lots de consolation, entreprises d’acceptabilité. Les prétentions écologistes enrobent de vert l’inutilité des industries de pointe. L’incontournable mixité sociale, dans des villes populaires comme Roubaix et Tourcoing, vient assouplir l’idée qu’une population est plus désirée qu’une autre. La participation des habitant-es se limite à la pente des toitures et la largeur des trottoirs. La « culture » vient conditionner nos imaginaires comme avec Futurotextiles, la caravane publicitaire du renouveau textile roubaisien qui viendra inaugurer le CETI dans le cadre de Fantastic, la prochaine foire de Lille 3000. Enfin, la création d’emplois (quand bien même on ira chercher des salarié-es partout ailleurs qu’à Roubaix) est l’argument ultime d’une région sinistrée pour nous faire oublier la nocivité sociale de la relance. Face aux bâtisseurs des prochaines (dés)illusions économiques, le journal La Brique vous invite à une discussion autour de cette fuite en avant industrielle qui emmène avec elle l’organisation de l’espace public. Ainsi que sur les entreprises d’acceptabilité appelées à la rescousse sur la Zone de l’Union et ailleurs.
Projections de Films à 20h00
En présence de Bendy Glu l’un des acteurs de ces travaux collectifs
L’entrée des investisseurs (2008 - durée 17 mn)
Procession dantesque dans le Quartier-Midi en "revitalisation" à Bruxelles

Mariage d’Art et Entreprise (2005- durée 20 mn)
Performance à la chapelle d’Havré. Critique in situ de lille 2004 capitale européenne de la Culture
Débat sur Culture et Résistance

Chez Rita
au 49, rue Daubenton
59100 Roubaix,
métro Gare Jean Lebas
+bus 25 arrêt Flandre
(à l’entrée de l’association Chez Rita)

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